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17 % d’aires protégées… Ah oui ?

par L'Action BoréalePublié le 19 janvier 2021


En un petit mois, avant que l’année 2020 ne s’achève, notre gouvernement du Québec (CAQ) est parvenu à doubler d’un coup sec la protection de son territoire pour atteindre 17 % de sa superficie. Sa cible internationale enfin décrochée. Wow ! Un exploit ! Même que certains des grands groupes environnementaux ont applaudi. Ça fait du bien, une bonne nouvelle de temps en temps.

Sauf que c’était une fraude intellectuelle enfouie dans un feu d’artifice médiatique.

Écosystèmes

Tout d’abord, la convention internationale sur la diversité biologique (1993) entérinée par le Québec lui enjoignait d’étendre une protection sur chacun des écosystèmes qu’il abrite (et non pas uniquement sur 17 % de l’ensemble du pays. Il aurait suffi pour cela de ne protéger qu’une partie du Grand Nord).

Au cours des 20 dernières années, les experts du ministère de l’Environnement se sont appliqués à recenser les territoires qui, dans chacun des écosystèmes, méritaient une protection. Dûment consultées, les populations de ces territoires – Autochtones et allochtones – ont entériné ces sélections que, dans bien des cas, elles avaient elles-mêmes proposées.

Or le mois passé, dans son sprint final pour obtenir une reconnaissance mondiale, le gouvernement a démoli tout ce travail démocratique pour jeter son dévolu de “pourcentages” sur le Nord, peu habité, et n’accorder même pas 1 % de protection au sud du 49e parallèle, transgressant ainsi un des principes de la convention.

À cet effet, nous aviserons les Nations Unies que les supposés “exploits” du Québec contreviennent aux conditions de la convention qu’il a conclue avec cet organisme international.

Sous l’impulsion de son ministère responsable des forêts, le gouvernement Legault a donc tranché : OK pour des aires protégées, mais là où il n’y a pas d’arbres ! C’est clair, nos forêts publiques doivent demeurer essentiellement des réservoirs de mètres cubes de bois mis à la disposition d’entreprises forestières privées.

Cette conception coloniale de l’occupation du territoire est devenue aujourd’hui socialement insupportable. Elle est maintenue, alimentée et organisée par une camarilla d’une vingtaine de hauts fonctionnaires – ingénieurs forestiers et quelques économistes parachutés – reclus dans le bunker du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), à Québec.

Comme tous les ingénieurs forestiers, ils sont diplômés de l’Université Laval, abritant les pavillons Abitibi-Price et Kruger, du nom de deux fameuses compagnies de bois. Parmi les 28 000 espèces vivantes interconnectées qui constituent une forêt, ils en ont étudié cinq ou six : des arbres “commerciaux”. Puis ils ont appris à modéliser leur abattage dans une dévastation mécanique de l’entourage. Ce sont ces ingénieurs qui régentent outrageusement notre territoire et bloquent tout projet émanant de la société civile qui entendrait laisser une forêt debout.

Sabotage

Juge et partie dans ses décisions, ce ministère doit être radicalement refondu. Pour que ne se reproduise plus jamais ce genre de sabotage, comme nous venons de le constater, par lequel il a pu piétiner un solide travail échelonné sur plus de 20 ans d’un ministère collègue (l’Environnement), méprisant en passant les citoyens qui y ont pris part dans le plus grand respect des règles définies par le gouvernement lui-même.

Mais au moins s’il était compétent, ce ministère ! Son titulaire (Pierre Dufour) vient de déclarer qu’en termes de quantité et de qualité, notre ressource forestière s’appauvrit, mais demeure tout de même sous-exploitée ! Allez comprendre…

Nous verrons dans un prochain article comment il entend remédier à la situation par le recours, entre autres, à la pensée magique et aux bienfaits de l’hallucination.

Henri Jacob, président de l’Action Boréale
Richard Desjardins, vice-président de l’Action Boréale


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