Les gestes individuels ne suffisent pas
Nous avons besoin de politiques et de lois contraignantes imposant le “Zéro émission de GES” !
Publié le 8 avril 2021
Ce texte fait partie d’une série de 15 articles qui visent à faire connaître le Plan des Chantiers de la DUC, élaboré par l’équipe de Group Mobilisation (GMob) dans le cadre de la “Déclaration citoyenne universelle d’urgence climatique”, qui a été reconnue par 525 municipalités représentant 80 % de la population québécoise.
Des universitaires (2 de 15) – En conférence de presse, le 16 novembre dernier, le premier ministre François Legault et son ministre de l’Environnement et de la lutte aux changements climatiques étaient tout sourire : ils présentaient leur Plan pour une économie verte 2030, où le Québec tenait le rôle de chef de file pour son peu d’émissions de GES par habitant “particulièrement en comparaison avec les juridictions auxquelles [le Québec] se compare habituellement”.
L’astuce, ici, avait été de choisir des juridictions qui nous avantageaient, soient les autres provinces canadiennes et chaque État américain pris individuellement. Une comparaison avec l’ensemble des pays montre plutôt qu’en 2018, nos émissions territoriales de 9,5 tonnes équivalent CO2 par habitant par année excédaient de beaucoup la moyenne mondiale (6,4 tonnes équivalent CO2). Sur 192 pays, le Québec se situerait au 146e rang parmi les pays les moins émetteurs de GES, devant la Belgique (148e), mais derrière l’Allemagne (144e), l’Espagne (118e), le Royaume-Uni (117e), l’Italie (112e), la France (98e) et la Suède (51e), des juridictions avec lesquelles on s’est pourtant beaucoup comparé depuis le début de la pandémie. Même la Chine, au 137e rang, fait encore mieux que nous ! Et si on totalisait historiquement les émissions du Québec par habitant, la situation apparaîtrait pire encore. Le Québec deviendrait un “chef de file”, mais pour les mauvaises raisons.
Secundo, le gouvernement québécois continue d’ignorer les résultats de la dernière génération de modèles climatiques, lesquels indiquent des températures de plus en plus élevées pour un même scénario d’émissions de GES ; la sévérité et le nombre des désastres annoncés s’en trouvent donc augmentés.
Tertio, il ne reconnaît pas que nos fortes émissions de GES sont directement reliées à notre mode de vie. Il fait ainsi siennes les politiques qui mettent en danger la civilisation et la vie. Au lieu d’établir une nouvelle économie, véritablement “économe”, fondée sur les limites biophysiques de la planète, notre premier ministre prépare la relance. Ne nous y trompons pas, sa “nouvelle économie” sera toujours la même : nous continuerons, par nos pratiques économiques et sociales, de foncer encore plus vers le précipice climatique qui, dans les prochaines décennies, menacera de plus en plus la vie telle qu’on la connaît.
Concrètement, nos gouvernements doivent, par exemple :
Les municipalités devraient, entre autres :
Quant à nous, citoyennes et citoyens, nous pouvons, notamment :
L’avenir qui s’annonce n’est pas rose, et il invite à une dignité et à une responsabilité qui fait cruellement défaut actuellement. Chose sûre, le chemin qui nous mène sur une meilleure trajectoire doit être exempt d’énergies fossiles (à lire dans le prochain article).
(Tiré de la Fiche C-DUC 1 du Plan de la DUC.)
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* Membres du regroupement Des Universitaires
Marc Brullemans *, Ph. D. biophysique, membre du Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste et les enjeux énergétiques au Québec
Jacques Benoit *, D.E.S.S. Développement économique communautaire