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Attac Québec

Chronique de Attac-Québec

par Claude Vaillancourt

La fortune de Johnny Depp

Publié le 17 mars 2017


Les déboires financiers de l’acteur Johnny Depp sont tellement considérables que cette nouvelle a atteint les grands médias. Celui qui était le 5e acteur le mieux payé au monde, selon le magazine Forbes, avec un revenu de 48 millions $ pour l’année 2016, se retrouverait proche la faillite. À dépenser 2 millions $ par mois pendant vingt ans comme il l’a fait, on arrive malgré tout à toucher le fond du baril.

Le plus intéressant dans cette affaire, c’est que la firme qui poursuit la star, The Management Group (TMG), a permis de mettre la lumière sur les dépenses ordinaires d’un homme très riche — mais pas parmi les plus riches —, juste un peu plus extravagant que ses semblables. Johnny Depp aurait 14 maisons, dont un château en France, 45 voitures de luxe, 200 oeuvres d’art, dont des toiles de Warhol, Modigliani et Klimt, 70 guitares de collection, 40 personnes qui travaillent pour lui, etc.

On pardonnerait de pareils caprices, comme ceux des enfants, s’ils ne se réalisaient pas alors que des milliards de personnes sont enfoncées dans la misère et la pauvreté. Et les extravagances de Depp restent somme toute relativement limitées si on les compare à celles — très secrètes — que peuvent se permettre les huit individus qui, selon OXFAM, possèdent autant que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

Au Québec et ailleurs dans le monde, il est souvent question d’un revenu minimum garanti. Peut-être devrait-on enrichir le débat en ajoutant aussi la question du revenu maximal. Ne serait-il pas possible de déterminer, en tant que collectivité, à quel moment y aurait-il abus de richesse, de déterminer une limite dans ce que les individus pourraient posséder ?

Certains, comme le candidat à la présidentielle française Jean-Luc Mélanchon, pensent qu’il faut limiter le salaire des patrons. Ce dernier considère que 400 000 euros par année est nettement suffisant.

Les Suisses ont eu quant à eux l’occasion de se pencher sur la question lors d’un référendum en 2013. On proposait que le salaire des patrons ne puisse être plus élevé que 12 fois le salaire le plus bas dans l’entreprise. Cette proposition audacieuse a été appuyée par 35 % des voix.

Le contrôle des salaires n’est peut-être pas le meilleur moyen d’assurer une plus grande équité, puisque cette mesure ne tient pas compte de l’ensemble des revenus, d’autant plus que le salaire d’un patron n’est pas toujours ce qui lui rapporte le plus. Il semblerait beaucoup plus efficace de procéder par une fiscalité très progressive.

L’économiste Thomas Piketty a rappelé à plusieurs reprises que le taux marginal d’imposition était de 91 % aux États-Unis de 1941 à 1963. Il a été réduit à 77 % puis à 70 % dans les années 1970, jusqu’à ce que les gouvernements néolibéraux ne réduisent en miettes cette mesure progressiste. Le Canada, quant à lui, a fidèlement suivi ces tendances.

Concrètement, ceci veut dire que pour chaque dollar gagné au-dessus d’un certain montant par un richissime individu, et cela pendant 22 années de prospérité économique, 91 cents étaient redistribuées au reste de la population — pour des besoins parfois discutables, certes, mais surtout pour le bénéfice de la classe moyenne et des plus démunis.

Aujourd’hui, le train de vie des ultra-privilégiés est malheureusement devenu une vache sacrée. Non seulement les gouvernements ne mettent pas en place des mesures redistributrices de la richesse, mais on ouvre les portes des paradis fiscaux aux plus fortunés, on essaie de les attirer chez soi par des mesures fiscales toujours plus avantageuses.

Les désolantes statistiques qui montrent à quel point les plus riches s’accaparent d’une part toujours plus grande de la richesse ne parviennent pas à soulever les populations et les baisses d’impôts, peu importe à qui elles s’adressent, continuent à être de bons hameçons pour attraper les votes.

Et il y aura toujours des gens pour d’émouvoir du sort d’un Johnny Depp. Soyez rassurés cependant. Le grand acteur, dit-on, a pris sa situation en main : il aurait congédié son gérant qui lui coûtait trop cher et aurait mis en vente son château en France (avis aux intéressés !) Comme quoi, en se serrant un peu la ceinture, on finit toujours par s’en sortir…


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