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Attac Québec

Chronique de Attac-Québec

par Claude Vaillancourt

La Chine, l’Islande et l’indépendance du Québec

Publié le 12 décembre 2017


Il ne viendrait à l’idée de personne d’associer la Chine à l’Islande. La première est le pays le plus peuplé sur notre planète, une nation dominante qui supplantera bientôt les États-Unis comme première puissance mondiale. Le second est un petit État inoffensif dont la population totale est moins de deux fois moindre que celle de l’aire urbaine de Québec. Pourtant, toutes deux existent à parts égales dans le concert des nations. Et les comparer peut engendrer de curieuses réflexions.

En faisant de simples calculs, on constate qu’il y a 4 075 fois plus de Chinois que d’Islandais, qu’on pourrait caser 93 territoires équivalents à l’Islande dans celui de la Chine, que Shanghaï est deux cents fois plus peuplée que Reykjavik. Un colosse aussi omnipotent que la Chine devrait presque ramener à l’inexistence le lilliputien islandais.

Les choses ne sont pas si simples. L’Islande a son territoire propre qui s’impose par son insularité, le cas le plus évident d’une frontière naturelle. Elle a sa propre langue et sa culture très singulière. La Chine, dans son immensité, est forcément une mosaïque culturelle et son territoire fait l’objet de plusieurs récriminations, de la part des Tibétains et des Ouïghours, qui s’élèvent contre l’impérialisme de l’État chinois, mais aussi de part la Chine elle-même, qui revendique Taïwan.

La puissance de la Chine suscite la crainte et surtout l’envie dans bien des pays. Sa grande productivité, sa phénoménale croissance économique, sa capacité d’exporter en énorme quantité, son efficacité sont sans cesse données comme modèles, en dépit des quelques accrocs que son gouvernement peut faire à la démocratie.

La toute petite et discrète Islande impressionne cependant par ses excellentes performances selon les indicateurs qui comptent le plus alors qu’elle se trouve toujours dans le peloton de tête : PIB par habitant, indice de développement humain, indice de perception de la corruption, indice de performance environnementale, etc.

Les performances économiques de l’Islande sont d’autant plus surprenantes que ce pygmée a un marché intérieur microscopique, alors que la Chine cyclopéenne profite du plus grand qu’on puisse imaginer.

Sur le plan de la démocratie, tout le monde sait que la Chine n’est pas un modèle : atteintes à la liberté d’expression et de circulation, discrimination envers les minorités, plus grand nombre de condamnations à mort dans le monde et bien sûr, gouvernement autoritaire et inébranlable.

Devant un pareil bilan, il est facile de bien paraître. Mais l’Islande a fait encore plus : non seulement elle applique des mesures parmi les plus progressistes au monde, mais elle a réussi l’extraordinaire exploit de remettre de grands banquiers de ce monde à leur place. Avec courage, ses habitants ont carrément refusé de tout sacrifier et d’accumuler les mesures d’austérité à cause des financiers qui ont mis le pays au bord de la faillite.

Certes, la Chine s’est sortie d’une grande misère quasi généralisée parmi sa population qui a vu son niveau de vie se relever de façon significative. Et l’Islande a la chance d’avoir comme voisinage les pays scandinaves, les premiers de classe en tout sur notre planète, champions de l’égalité, de la prospérité économique, du respect de l’environnement.

Quelle est donc la morale à retirer de cette boiteuse comparaison ? Rien, sinon peut-être que nous vivons dans un monde étrange, dans lequel le concept de nation paraît quelque peu élastique puisque celui-ci peut correspondre à des réalités aux antipodes. Et qu’il est sûrement difficile d’envisager un gouvernement mondial basé sur les États nations, comme tentent vaguement de le faire les Nations Unies, avec des entités si différentes. Peut-être que ce n’est pas impossible non plus.

Mais aussi, et peut-être encore plus, que la puissance d’un pays, ses muscles et sa démographie hypertrophiée, qui semblent si attrayants pour tant de personnes, ne sont pas de gages de qualité de vie pour les populations. Bien au contraire, il semblerait qu’un gouvernement avec de fortes institutions, mais aussi avec une proximité entre le pouvoir et la population — comme c’est justement le cas dans les pays scandinaves — soit le gage d’une meilleure démocratie.

N’est-ce pas ce que souhaitent, entre autres, ces petites nations à la recherche de leur indépendance, de l’Écosse à la Catalogne, en passant par le Québec ?


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