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L’après Barrette

Publié le 25 octobre 2018



Il y a quatre ans et demi, la Coalition solidarité santé croyait important de faire le bilan des premières fusions d’établissements de 2004 avant de changer quoi que ce soit au réseau public de santé et de services sociaux (SSS).

Mais six mois plus tard, le nouveau ministre de la SSS, Gaétan Barrette, poursuivait plus loin les fusions, sans évaluation, ni tenir compte des avis de la majorité des intervenant·e·s, personnels impliqués dans le réseau public et citoyen·ne·s ayant droit à un réseau public de SSS.

Le ministre Barrette complétait ainsi l’oeuvre de son premier ministre, Philippe Couillard, du temps qu’il occupait son poste. “Envers et contre tous” avait-il déclaré, “tout le monde peut bien m’écoeurer, mais je vais continuer pareil”.

C’est pourquoi l’une des choses qui a le plus réjoui tous les défenseurs de notre système public de SSS dans les résultats des élections, c’est la fin du règne du ministre Barrette. Réjoui, mais aussi suscité le plus d’espoir.

Nous voici maintenant avec une ministre de SSS, Danielle McCann, appuyée par un ministre délégué SSS, Lionel Carmant, et une ministre responsable des Aîné·e·s et des proches aidant·e·s., Marguerite Blais.

Un trio dont on est en droit de s’attendre, selon les mots du premier ministre, à plus “de proximité, d’humanité et d’ouverture”.

Ces trois petits mots sont lourds de sens, pour qui croit fermement dans le système public de SSS.

La proximité peut être interprétée de diverses façons. On en a déjà eu une version, avec le ministre Barrette : il s’était arrangé pour que les directions des CISSS / CIUSSS soient à proximité de son propre bureau, afin que son message et ses ordres soient relayés et appliqués directement sur le terrain, pour mieux contrôler ce qui pouvait en remonter, de même que ce qui pouvait sortir dans les médias. Contrôler l’information est d’une importance capitale quand on veut empêcher toute résistance et toute démocratie.

Nous pouvons espérer que cette fois, il en sera autrement. Une gouvernance de proximité, pour un système public de SSS, ça signifie rétablir la démocratie dans le réseau public, rapprocher les lieux de décisions des lieux de prestations, impliquer les communautés, les usagères et usagers et le personnel des différents établissements dans la gestion des soins et services, recréant au besoin les Conseils d’administration locaux.

Lors d’une conférence à Saguenay il y a deux ans, une dame avait témoigné que sa fille était hébergée en CHSLD, et que c’était elle qui était sa voix auprès du Conseil d’administration (CA) de l’établissement pour faire valoir ses besoins. Mais après les fusions Barrette, le CA était rendu tellement loin, qu’elle ne pouvait plus la représenter et qu’elle craignait maintenant pour elle, qui ne pouvait se défendre seule.

Des instances qui rapprochent lieux de décisions et lieux de prestations facilitent les constats de problèmes et les solutions adéquates aux réalités du terrain, qui peuvent différer d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre, d’une population à une autre, d’une personne à une autre.

De plus, en impliquant dans la gestion les premiers concernés, à savoir la population qui habite et connaît le territoire, les usagers et usagères qui reçoivent les soins et services, et le personnel qui soigne et rend les services, la ministre s’assurera de la participation de toutes les personnes qui ont à coeur l’amélioration des soins et services publics, tout en renforçant les liens entre les gens du milieu, véritable tissu social si important à la santé d’une communauté.

Pour aider la ministre et son gouvernement, trois sommités en SSS proposent d’utiliser la Loi sur les soins de santé et les services sociaux (LSSSS) pour “servir de guide à la fois pour évaluer la situation actuelle, dégager les orientations à privilégier et définir les moyens pour remettre le système sur une voie plus démocratique, efficace et équitable”.

Le premier ministre a aussi invité ses élu·e·s à “sortir de leurs bureaux pour être proches du monde”.

Pour peu que le trio ministériel réponde positivement à l’invitation de leur chef, on ne peut qu’espérer que la ministre McCann, parce qu’elle aura cette fois tous les pouvoirs, agira différemment de la PDG McCann qui a dirigé le CSSS Sud-Ouest Verdun et l’Agence régionale de la SSS de Montréal en étant une forte partisane de la méthode de gestion lean (aussi connu sous le vocable de toyotisme).

Ce mode de gestion, qui continue malheureusement d’être appliqué dans le réseau public, a pourtant été clairement condamné par la Cour supérieure comme étant néfaste au personnel, ce qui n’avantage aucunement les personnes qui reçoivent les soins et services.

Marguerite Blais, sa collègue aux Aîné·e·s et aux proches aidant·e·s, semble déjà vouloir adopter cette ouverture.

Une gestion basée sur plus de démocratie et moins de lean redonnera au personnel du réseau le respect qu’il mérite.

Si la ministre veut bâtir une première ligne efficace et efficiente, il lui faudra mettre à contribution les compétences de chacun·e. Cela ne pourra se faire sans le respect, la reconnaissance et l’écoute du personnel et des milieux, toutes des choses inconnues de son prédécesseur.

C’est ainsi que le réseau public pourra retrouver toute sa pertinence, et qu’il pourra répondre aux défis des prochains mois et prochaines années…

Jacques Benoit


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