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IRIS

Chronique de l‘Institut de recherche et d'informations socio-économiques

 

Problèmes financiers de GNL Québec : des nouvelles en provenance des Bermudes

Publié le 25 septembre 2020


On apprenait le mois dernier que les deux entreprises responsables de la réalisation du projet d’exportation de gaz naturel liquéfié Énergie Saguenay éprouvaient des difficultés financières. Tant GNL Québec Inc. que Gazoduq Inc. ont dû se résoudre à licencier des membres de leur personnel, soit environ vingt employé·e·s depuis le mois d’avril. À l’interne, on se fait rassurant et on soutient que le projet n’est pas pour autant en péril. Or, peu d’informations concernant l’état financier réel du consortium sont fournies pour appuyer cet optimisme affiché, malgré le départ du principal bailleur de fonds du projet en février dernier. Parmi tous les commanditaires du projet, un seul rend public un aperçu des problèmes financiers du projet, et il se trouve aux Bermudes.

Lorsque la transparence nous vient d’un paradis fiscal

En novembre 2019, l’IRIS publiait une recherche faisant état de l’organigramme complexe à partir duquel est financé le projet GNL Québec. On y retrouvait des sociétés établies dans des juridictions reconnues pour offrir des taux d’imposition dérisoires — Hong Kong, Îles Caïmans, Îles Vierges britanniques, etc. Parmi celles-ci se trouvait la société IDG Energy Investment Ltd. (ci-après “IDG”), cotée à la bourse de Hong Kong et dont l’adresse de juridiction est aux Bermudes. IDG est une entreprise dont le portefeuille international est composé de divers projets d’exportation de gaz naturel liquéfié. C’est dans son rapport annuel publié en juillet dernier qu’un topo est offert sur GNL Québec, l’une des entreprises dans lesquelles elle investit.

Dans le compte-rendu de l’avancée du projet GNL Québec, on mentionne tout d’abord le bilan financier de l’année 2019 et on comprend par le fait même comment se déroule le financement du projet. Afin de s’acquitter des dépenses courantes — salaires du personnel, frais juridiques, communication média et lobbyisme, confection d’études d’impact environnemental, bureaux, etc. —, on procède à des collectes de fonds périodiques auprès des commanditaires financiers du projet. Durant l’année 2019, cinq de ces collectes de fonds ont été accomplies et ont permis d’amasser la somme de 36,65 millions $ US. Ce montant donne une idée approximative des liquidités annuelles requises à la phase préparatoire du projet GNL Québec.

Dans son rapport, IDG discute ensuite de la première moitié de l’année 2020, où il est cette fois fait état de deux informations : (1) une nouvelle ronde de collecte de fonds est requise puisque les liquidités amassées en 2019 sont épuisées ; (2) la collecte de fonds prévue au début de l’année 2020 n’a pu être menée en raison de la pandémie. Cette difficulté arrive à un bien mauvais moment pour GNL Québec, puisque l’année 2020-2021 est meublée par les processus d’évaluation environnementale fédérale et provinciale du projet, ce qui occasionne des dépenses d’entreprise.

Des coûts de production plus élevés et une dépendance aux fonds publics

À la lumière des récents licenciements opérés par le promoteur, on observe que les complications de GNL Québec reliées à ses collectes de fonds et dont fait état IDG dans son rapport annuel ne sont toujours pas résolues. La pandémie et l’incertitude qu’elle entraîne ont évidemment de quoi refroidir tout investisseur, particulièrement dans le cadre d’un projet de l’envergure de GNL Québec. Or, d’autres variables minent la faisabilité économique de ce projet. Un précédent billet discutait des coûts de production plus élevés de GNL Québec comparés à ceux de ses compétiteurs directs, jusqu’à 40 % plus grands en raison des milliers de kilomètres qui séparent les champs gaziers de l’Ouest canadien de leur lieu final d’exportation au Saguenay. Ici, nous rendions compte de la dépendance généralisée de cette industrie à un soutien important des fonds publics, ce qui n’est évidemment pas gagné d’avance au Québec, le gouvernement Legault marchant sur des oeufs à cet égard.

En somme, alors que l’évaluation du projet par le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) débute, une grande incertitude financière plane sur le projet et il sera intéressant de voir le comportement des commanditaires du projet à l’égard des liquidités requises.

Par Colin Pratte


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