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L’Action boréale a 20 ans !

par L'Action BoréalePublié le 23 mars 2020


Haut les coeurs ! L’Action boréale célèbre cette année son vingtième anniversaire de fondation ! Merci à nos estimé·e·s, membres d’avoir concouru à revendiquer une meilleure foresterie. Au coeur des nouvelles législations qui sont apparues au cours des dernières années, notre influence et notre résonnance demeurent bien palpables.

N’étant nullement subventionnée et ne désirant nullement l’être, l’Action boréale compte sur votre adhésion ou son renouvellement. L’assemblée générale de l’automne dernier a ardemment souhaité que chacun de nos membres recrute cette année un nouveau partisan dans son entourage. Au pire-aller, faites-lui donc un beau cadeau !

Maintenant : “Fermez vos yeules” !

Sans doute pour souligner à sa manière le vingtième anniversaire de l’Action boréale, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a procédé à l’exclusion de notre organisme de la table publique de concertation portant sur la survie du petit troupeau de caribous forestiers de Val d’Or.

La raison ? Nous avons osé demander des précisions sur le curriculum vitae professionnel du maître d’oeuvre des “mandats stratégiques” à l’intérieur du MFFP, Francis Forcier, le mentor du ministre Pierre Dufour et du ministre précédent.

C’est Dufour lui-même qui, au lendemain de son élection, a demandé à l’Action boréale de lui soumettre un plan de sauvetage des quelques bêtes (entre 7 et 12 têtes) restantes. Ce plan fut gracieusement réalisé avec l’aide de deux éminents biologistes à la retraite, spécialistes des dossiers caribous, messieurs Serge Couturier et Marcel Paré, et remis au ministère à l’automne 2018. Selon nos informations, notre projet aurait été favorablement accueilli par les biologistes en poste dans le département Faune du ministère. Or depuis, silence radio, même pas d’accusé de réception.

Nous savons que Francis Forcier est un ingénieur forestier et qu’à ce titre, il accordait - au nom du gouvernement - des droits de coupes sur le territoire du caribou aux compagnies forestières en Abitibi durant les années 90. Or, il s’avère que Francis Forcier n’a pas la formation nécessaire pour gérer le dossier de la faune au sein du MFFP, n’étant pas biologiste. Pourquoi n’avoir pas plutôt confié la gestion du sauvetage des caribous de Val d’Or au département de la Faune qui réside dans son propre ministère ? Telle est la question qui nous vaut cette exclusion du débat, pensons-nous. Voilà pour la petite histoire.

La grande maintenant. Celle qui pourrait nous inciter à éventuellement intenter une poursuite à l’encontre du ministère pour détournement de mandat. Voici pourquoi. Il y a une quinzaine d’années, le gouvernement du Québec s’est engagé, au terme d’une vaste enquête portant sur sa gestion forestière, à la revoir drastiquement, cette gestion. Le rapport Coulombe ne faisait que confirmer ce que le film L’Erreur boréale demandait.

Désormais, ce ne sera plus la capacité des usines qui déterminera les volumes de récolte, mais la capacité de la nature à se renouveler. (Par croissance naturelle, on estimait à 20 millions de mètres cubes la masse ligneuse ainsi produite, annuellement. Or, on en bûchait plus de 30 millions !). Aussi, 12 % du territoire devait être mis sous protection pour remplir une promesse gouvernementale datant de 1992 et qui ne l’est toujours pas aujourd’hui.

Cette nouvelle gestion dite “écosystémique” modifiera profondément la mission du MFFP. De plus, ce blockhaus administratif sera tenu “d’aménager durablement les écosystèmes et d’assurer la conservation de la biodiversité”. Ces principes, inscrits dans la mission même du ministère, sont devenus des lois.

Il est bien difficile d’évaluer aujourd’hui le résultat de cette conversion écosystémique tant le Québec est grand, tant les analyses indépendantes demeurent inexistantes, mais nous pouvons affirmer que le MFFP n’a jamais pris au sérieux le changement de direction qui lui incombait de réaliser il y a quinze ans. Il se braqua et continue de se braquer dans l’unique posture qu’il s’est historiquement forgée, celle de garantir du bois aux compagnies. Il entend même doubler les niveaux de coupes forestières au pays !

Son pouvoir ne se limite pas seulement à cela. Ce ministère a continuellement découragé la création d’aires protégées, écartant à sa guise des territoires valables puis fournissant au compte-gouttes les données forestières dont ont besoin les spécialistes du ministère de l’Environnement pour développer leurs projets. Allant même jusqu’à les monnayer, ces informations.

C’est pourquoi le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs trouve insupportable qu’une petite forêt naturelle en bordure de Val d’Or et de ses scieries reste debout pour abriter quelques caribous en voie d’extinction. Comme si toutes les jobs en foresterie dépendaient de ce territoire, qui représente à peine une infime parcelle de la forêt publique de l’Abitibi et du Témiscamingue.

Ce qui se passe sur ce petit territoire, à notre avis, cristallise et symbolise la tendance lourde qui caractérise encore et toujours notre gestion forestière, et que le gouvernement tente constamment de maquiller : le maintien du statu quo.

Il sait que l’affaire est devenue publique. Alors il tergiverse, remet aux prochaines élections son plan “réel” de rétablissement, prétextant des études complémentaires, singeant ainsi le comportement de son prédécesseur Luc Blanchette. Mais il ne fait rien pour lever les entraves qui menacent la tranquillité du troupeau. En plus, il soumet à l’omerta ses propres biologistes emprisonnés dans son blockhaus.

En réalité, il attend que meurent les dernières bêtes pour ensuite offrir leur territoire à la prédation industrielle.

D’ici là, il organise des fausses tables de concertation pour sauver la face. Et quand un groupe comme l’Action boréale, qui défend le dossier des caribous depuis des décennies, qui en a développé une bonne expertise, qui ose encore poser des questions des fois, et bien, on l’exclura cavalièrement sans même lui dire pourquoi.

L’Action boréale assume le droit légitime de participer à tous les débats dans les dossiers qui nous préoccupent : fauniques, forestiers, gestion des territoires, droits écologiques…

C’est le droit de parole, reconnu dans toutes les sociétés dites démocratiques, qui est en jeu ici. Merci à nos estimé·e·s membres de nous appuyer et de continuer à le faire.

Richard Desjardins, vice-président


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